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octobre 2023
Une autre année, une autre rentrée. Les saisons se suivent, mais ne se ressemblent pas, changements climatiques obligent. Inondations, feux de forêt, températures éclectiques… L’été a été pour le moins hétéroclite, et personne n’y a échappé. Selon un sondage Léger effectué l’an dernier, 73 % des Québécois·ses sont inquiet·es des impacts des changements climatiques sur leur santé. Mais malgré les épreuves, l’être humain est résilient, et trouve toujours moyen de poursuivre avec son quotidien. Côté pub, côté communication et côté humain, voici ce qui vaut la peine d’être mentionné (à notre humble avis).
Chaque année, durant les deux dernières semaines de juillet, le Québec est le théâtre d’un phénomène intrigant et unique à lui : les vacances de la construction. Cedit phénomène est intégré au paysage culturel et économique du Québec depuis 1970. Durant cette période, 80 % des travailleur·euse·s de l’industrie de la construction prennent congé en même temps, ce qui entraîne un ralentissement temporaire des chantiers et projets de construction à travers la province.
Cette période, plutôt méconnue du reste du Canada, offre une occasion publicitaire en or pour les annonceurs cherchant à cibler à la fois les travailleur·euse·s du secteur de la construction, les vacanciers québécois·es ou les gens qui décident de rester en ville. Avec des milliers d’individus explorant diverses régions de la province, ainsi que les gens qui décident de simplement rester en ville pour profiter du calme de l’exode urbain, ces vacances créent un terrain fertile pour la conception de campagnes publicitaires percutantes propres au Québec.
Un bel exemple de la façon dont les annonceurs peuvent intelligemment saisir cette opportunité est l’activation à grande échelle conçue par Tim Hortons et The French Shop. En rappelant que, sur la route des vacances, Tim est un arrêt incontournable, la marque a voulu renforcer l’association entre cette période de répit bien particulière au Québec et le fait que Tim vaut toujours le détour. C’est une façon pour la chaîne de restauration de souligner son lien avec les travailleur·euse·s de la construction et tous·tes les Québécois·es qui font de la route durant ces deux semaines.
Pour ce faire, Tim a installé une immense bannière suspendue par une grue devant un chantier fermé en raison des vacances, avec comme visuel des gobelets Tim à l’envers, rappelant ainsi la forme des fameux « cônes orange », et le message de la campagne : « Ça vaut le détour ». Cet affichage contextualisé a aussi été placardé en affichage sauvage sur les murs de la ville près des chantiers en arrêt.
Les vacances de la construction au Québec ne sont donc pas seulement une pause dans l’activité du secteur de la construction, mais aussi une occasion publicitaire en or pour bien des annonceurs. L’exemple de Tim Hortons nous rappelle comment une stratégie bien exécutée peut transformer une période de congé en une période de croissance publicitaire et de connexion avec les consommateurs·rices.
Andréanne Laroche, conseillère au service conseil
La ville de Montréal est reconnue localement et internationalement pour de nombreux attraits de son histoire et de sa culture : Expo 67, le Cirque du Soleil, les cônes orange, pour n’en nommer que quelques-uns. Malgré ces attributs particuliers, Montréal se démarque d’abord et avant tout grâce à sa solide réputation de capitale gastronomique et à sa glorieuse équipe de hockey, les Canadiens.
Depuis déjà longtemps, la scène culinaire montréalaise a explosé et la ville est devenue une destination prisée des foodies de par le monde, qui viennent délecter leurs papilles gustatives d’une sélection de mets si vaste qu’un·e touriste ne peut raisonnablement en venir à bout en un seul week-end. Avis aux intéressé·e·s : prévoyez la durée de votre séjour en conséquence. Bien que la scène de la cuisine fusion et de la haute cuisine soit bien vivante, les classiques tels que les bagels, la viande fumée et, bien évidemment, la poutine demeurent des inconditionnels et des indémodables, tant pour les touristes que pour les locaux.
Quant aux Canadiens de Montréal, l’équipe n’est plus à présenter. Une des marques les plus fortes dans la province, le tricolore s’attire encore et toujours une véritable adulation du peuple québécois, et ce, depuis plus de 100 ans, même malgré la grande disette des dernières années. D’ailleurs, l’équipe est aussi connue comme la Sainte-Flanelle, un nom qui indique bien la dévotion presque culte que les partisan·e·s ont envers le club, et ce, génération après génération.
Eh bien, ces deux fleurons de la ville ont récemment été combinés alors que Tricolore Sports, la boutique officielle des Canadiens, a annoncé le lancement de la collection Foodies, une ligne de vêtements ornés d’illustrations qui recréent le célèbre logo du CH à l’aide de certains de nos mets québécois les plus connus. Des chandails, des pantalons et même des bandanas pour chien sont disponibles avec ces logos repensés.
Cette initiative n’est pas sans rappeler les chaussures Dunk Low Montreal Bagel de Nike, qui souhaitait ainsi rendre hommage aux célèbres petits pains montréalais. Cette tendance démontre à quel point l’authenticité et la pertinence culturelle peuvent transcender les domaines, laissant entrevoir de passionnantes opportunités pour d’autres marques et industries.
L’époque où les logos de compagnie étaient intouchables est bel et bien révolue. Entre Google qui, par l’intermédiaire d’une équipe dédiée, s’amuse presque tous les jours avec son Google Doodle, et bien d’autres qui changent leurs couleurs pour souligner des événements particuliers comme la semaine de la Fierté, les entreprises n’ont plus peur de déroger du livre de marque pour rejoindre le public de manière différente et faire résonner leur soutien pour une cause ou leur appartenance à une culture locale.
Nous sommes prêt·e·s à parier que ce double emblème de Montréal, en plus d’en faire sourire plus d’un, sera fièrement porté par beaucoup de gens. En fait, on pourrait même parler de triple représentation de la ville, car, faut-il le rappeler, Montréal a aussi la désignation Ville UNESCO de design.
Thomas Dayon, directeur de comptes
Le balado : fichier audio numérique, souvent sous forme de chronique, publié sur Internet et destiné à être écouté sur demande. On peut notamment l’écouter sur son téléphone en marchant, dans l’auto en se rendant au travail ou dans une salle d’entraînement en se musclant les glutéaux. En bref, c’est un peu comme la radio réinventée en format portatif et sous forme de fichier plutôt que diffusée en direct.
Pour ma part, je n’ai jamais trop compris l’attrait des balados. J’ai essayé, promis ; j’ai téléchargé un épisode d’une populaire série de fiction paranormale et… j’ai passé mon temps à revenir en arrière parce que j’en manquais des bouts à force de me faire distraire par les écureuils que je croisais pendant mes promenades.
Or, mon expérience est loin d’être à l’image de l’engouement que suscite la baladodiffusion au Québec. Selon l’Observateur des technologies médias, les cotes d’écoute ont connu une augmentation de 49 % entre l’automne 2019 et le printemps 2022 chez les canadien·e·s francophones, et près du tiers des adultes québécois·es indiquent avoir l’habitude d’écouter des balados. Les adeptes en écouteraient même cinq par semaine, en moyenne. De son côté, Mike Ward a su attirer 20 000 personnes au Centre Bell pour l’enregistrement d’un épisode de Sous écoute. Enfin, les jeunes créateur·trice·s grandissent dans un environnement de plus en plus numérique et ont la volonté d’en apprendre l’aspect technique, qui est enseigné dans plusieurs de nos cégeps et universités.
Tout n’est pas rose pour autant ; une certaine anomie règne au sein de l’univers de la baladodiffusion. Les règles d’éthique régissant le domaine sont définies de façon nébuleuse, et de nombreux concepts de balados naissent et meurent tous les jours. C’est qu’en plus d’apprendre la technique, de maîtriser l’art de la répartie et de s’initier aux rudiments de la scénarisation, les créateurs·trice·s indépendant·e·s ont besoin de l’énergie, du temps et de la discipline nécessaires pour faire décoller leurs projets. Le cas échéant, ces séries enregistrées sur la table de la cuisine ou dans les tréfonds poussiéreux d’un sous-sol doivent souvent jouer du coude avec les productions des géants de la diffusion, comme Québecor ou Radio-Canada, pour trouver leur public. Enfin, les créateur·trice·s à la poursuite de la rentabilité risquent d’être bien déçus ; il n’y a qu’une poignée de personnes qui réussissent à vivre de la baladodiffusion au Québec. Aucune marmite d’or ne se trouve au bout de cet arc-en-ciel.
N’empêche que l’avenir demeure prometteur pour la baladodiffusion au Québec, malgré la petitesse de notre marché. En effet, les acteurs du milieu ont la volonté de s’unir pour revendiquer la valeur des balados québécois auprès des grandes plateformes d’écoute internationales comme Spotify, qui proposent déjà aux annonceurs la possibilité de collaborer et les ressources nécessaires pour atteindre leur public cible avec précision. Malgré ses assises encore quelque peu instables, le domaine commence à se structurer, et la naissance de répertoires comme BaladoQuébec, qui permet d’héberger sa série de balados afin de la redistribuer sur les plateformes de diffusion plus connues, en est la preuve.
Arielle Jerbi, conceptrice-rédactrice junior
La célébration de la Marche des Fiertés à Montréal, aussi connue sous le nom de Fierté Montréal ou Montréal Pride, constitue un témoignage vibrant de la riche culture et de l’histoire LGBTQ+ de la ville. Alors que de nombreux événements de la Fierté dans le monde ont traditionnellement lieu en juin pour commémorer les émeutes de Stonewall, c’est plutôt en août que les festivités colorées de la fierté LGBTQ+ prennent vie au Québec. La décision d’organiser le regroupement d’événements durant ce mois est influencée par une multitude de facteurs historiques, culturels et logistiques.
L’une des principales raisons est que la saison des festivals (de juin à août) est très animée à Montréal. Le calendrier culturel dynamique de la ville comprend un éventail de festivals célébrant la musique, l’art, la comédie et bien plus encore. En organisant la Fierté en août, la communauté LGBTQ+ de Montréal intègre harmonieusement ses célébrations dans cette plus vaste tapisserie de festivals, favorisant une atmosphère dynamique et inclusive. Ce moment permet aux participant·es de la Fierté de participer à une myriade d’expériences culturelles, contribuant ainsi à un sentiment d’unité et de célébration partagée entre diverses communautés.
Une autre raison d’éloigner la Fierté Montréal de juin est de souligner le caractère distinctif de l’événement. Plutôt que de marcher dans les plates-bandes d’autres grands défilés de la Fierté, comme ceux de New York et de Toronto, la Fierté Montréal a façonné son propre récit et s’assure ainsi que ses événements n’entraînent pas de conflits d’horaire. Cette divergence stratégique permet à l’événement de briller de manière indépendante, attirant une foule internationale diversifiée désireuse de vivre une expérience authentique et unique.
Embrasser la fierté en août crée, par conséquent, une opportunité unique pour les marques d’accroître leur impact. Alors que juin est traditionnellement le mois de la Fierté dans de nombreux endroits, la fierté québécoise d’août offre l’occasion de se démarquer, favorisant un lien plus durable avec leur public. En adoptant ce calendrier, les marques montrent leur volonté d’écouter, de s’adapter et de célébrer la diversité à une plus grande échelle. Ce faisant, elles touchent un plus grand nombre de vies et laissent une empreinte positive tant sur la scène locale que mondiale.
La diversité ne connaît pas de frontières, et l’inclusivité des marques ne devrait pas en connaître non plus. Celles qui cherchent à créer des liens authentiques et à toucher un éventail plus large de personnes devraient tenir compte de ce décalage unique dans le calendrier. En reconnaissant que la Fierté déploie son drapeau arc-en-ciel en août au Québec, les entreprises peuvent étendre leurs messages d’acceptation et d’égalité à davantage de cœurs et d’esprits.
Avril Guarino (iel, they/them), infographe.